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Correspondence with Alphonse de Candolle   205


Pendant deux annees, a Page de 71 et 72 ans, je me suis applique a saisir au moment du reveil la nature de mes reves. Avec une ferme volonte on y parvient. Les details s'oublient tres vite, mais on peut noter dans sa tete si le reve se rapporte a des choses anciennes on recentes et a des choses dont on s'etait occupe la veille ou auxquelles on n'avait pas pense depuis longtemps. Voici ce que j'ai trouve

1'. tres souvent dans la soiree j'avais pane de quelque personne on objet qui a servi de point de depart a un reve. Quelquefois on en avait pane devant moi, on j'avais lu a haute voix le nom ou celui de 1'objet. Rarement une lecture des yeux produisait cette consequence. Le nom on le mot etait devenu source de quelque association involontaire d'idees, comme dans vos observations, mais les deductions etaient errantes et souvent absurdes. Des conversations on lectures de quelques jours anterieurs, meme je crois de 24 heures, ne conduisaient pas_a des reves.

2°. (et ceci encore plus certain): jamais je n'ai reve a des choses qui m'avaient cause on recemment ou autrefois de vives inquietudes ou une vive emotion. Quoique ma carriere ait ete assez uniforme j'ai eprouve des chagrins, j'ai eu des soucis qui m'empechaient de dormir. J'ai assiste a des scenes revolutionnaires qui m'irritaient au plus haut degre. Ma vie a ete exposee plusieurs fois dans des courses de montagne, etc. Or ces evenements ne se sont jamais presentes dans mes reves, non plus que des plaisirs anciens tres vifs.

3°. J'ai reve a des personnel mortes depuis longtemps, mais presque toujours je me suis souvenu que j'en avais pane dans la soiree on qu'une liaison d'idees analogue avait existe. Par exemple je revais souvent titre avec mon pere, mort en 1841: it me semblait le voir, causer avec lui, sur des affaires scientifiques aver beaucoup de suite et de raison, mais je travaille tons les jours dans la bibliotheque de mon pere, je consulte ses ouvrages etc. C'est dans -le courant habituel de mes idees. Tout cela confirme, par une autre voix, vos refiexions de la p. 7.

Les idees qu'on a la nuit, quand on est reveille et qu'on ne peut pas s'endormir, confirment egalement ce que vous dites. Dans cet etat on a (du moins moi) deux ou trois idees tres precises qui reviennent couramment. Ce sont des idees qui vous preoccupent depuis quelques jours: probablement une inquietude sur un de vos proches, un proces, etc., on quelque lettre difficile a rediger, quelque discours a faire etc. Comme on ne voit rien, d'autres causes d'idees n'existent pas et celles qui vous dominent ont une force extraordinaire. Un pen d'agitation nerveuse qui empeche de dormir augmente cette vivacite des idees nocturnes. Jai ete si souvent frappe de leur nettete que je m'etais fait fabriquer une ardoise, avec regle mobile, pour pouvoir ecrire dans mon lit certaines phrases, certaines divisions d'un sujet qui m'apparaissaient touta-coup et que le lendemain je ne pouvais plus retrouver. L'appareil n'est pas assez commode pour 1'employer, aussi quelquefois j'allume une lumii re pour noter ce qui vient de m'apparaitre dans ces suits d'insomnie. Pour un ecrivain 1'absence de sujets de distractions me parait une cause essentielle de succes. Je ne comprends pas du tout ceux qui etudient ou redigent en se promenant dans la campagne.

Voile, mon cher Monsieur, des observations dont vous ferez be que vous voudrez. Je n'ai pas l'intention de les publier. Si vous voulez en parler dans quelque note je n'ai pas d'objection, sans cependant vous le demander. Agreez, je vous prie, l'assurance de mes salutations les plus

devouees. ALPH. DE CANDOLLE.

42, RUTLAND GATE, LONDON. April 11/80.

MY DEAR SIR, Thank you very much for the kind efforts you have made to procure me information about the visualised numerals. They have caused M. Achard to send me his numeral forms and some interesting accompanying remarks, which I have added to my collection. Perhaps the enclosed reprint may interest you, if you have not by chance already seen it, as it gives a recent account of the facts and some remarks upon them which I think you will find to answer in part the very reasonable doubts you suggest in your kind letter, which I received last night.

I do not think these forms of any value to those who see them, nor that they should be cultivated,-but they strike me as exceedingly curious and instructive survivals of the earliest mental processes of a child. They are specially interesting because of the reasons given in the enclosed reprint, they have been invented by the child himself, but I will not write what you will more rapidly read in print.

It has been a most amusing but somewhat discouraging experience to find how very many wise men are, as it were, vexed and put out by finding that other people have' real undeniable gifts that they do not themselves possess a vestige of, and are inclined in consequence to