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Correspondence with Alphonse de Candolle   137


ment vous avez rendu un vrai service a la science, mais votre point de vue eetit essentiellement l'heredite.

Quant a moi j'ai eu davantage de venir apres vous. I1 ne m'a pas etc difficile de confirmer par de nouveaux faits l'influence de l'heredite, mais je n'ai jamais perdu de vue les autres causes, et la suite de mes recherches m'a convaincu qu'elles ont en general plus d'importance que 1'heredite, du moins parmi les hommes de meme race. Si l'on compare des negres avec des blancs, on meme des blancs asiatiques avec des blancs europeeps, 1'effet de la race est predominant, mais parmi les hommes de nos pays civilises 1'effet des traditions, exemples et conseils dans l'interieur des families m'a paru exercer plus d'influence que 1'heredite proprement dite. Vient ensuite 1'education exterieure, l'opinion publique, les institutions etc. Je me suis applique a distinguer la part d'influence de toutes ces causes, part qui varie suivant les pays et les epoques, et qui favorise ou contrarie lee effets de 1'heredite. Le but de mes recherches ettit done different du v8tre et les resultats en ont etc diferents sans titre opposes. C'est ce que j'ai dit a la p. 93.

J'en viens aux observations de detail

Au bas de la p. 273 vous parlez de faits et d'une certaine opinion courante defavorables aux enfants de. personnes religieuses (religious). Dans mon idee l'immense majorite des clergymen est religieuse, et comme j'ai remarque cependant moi-meme des cas dans lesquels leurs enfants avaient mal tourne, j'ai examine les faits, et j'ai trouve (a ma grande surprise) qu'une forte proportion de savants celebres avaient etc fils de pasteurs ou ministres. J'en ai tire un argument en faveur de l'importance d'education simple et morale.

Je n'ai pas compris votre observation sur une erreur de chiffre a la p. 40. En comptant de nouveau sur Ia derniere colonne des pp. 36-40, je trouve 13 fils de pasteurs ou ministres comme je l'avais dit. Par parenthese, j'ai soupconne quelquefois que Sir David Brewster 6tait un 14'eme. Il etait fils d'un Rector of the Grammar school of Jedburgh, ce qui d'apres le pays peut faire croire qu'il etait peut-titre ministre. Une notice dans un journal religieux ma appris que Sir David avait etc eleve dans une atmosphere tree pieuse.

Je n'ai pas pu savoir l'origine de ,famille de Mr Owen, de meme que j'ignore celle de Mr Airy, que l'Academie de Paris a nomme depuis 1869, associe etranger. Agassiz, nomme eealement depuis mon tableau, est fils d'un pasteur suisse (de famille indigene).

Si l'on retranchait du nombre des savants suisses ceux qui descendent de familles etrangeres, it resterait encore un nombre assez respectable qui placerait notre petit pays a c6te des Etats scandinaves et de la Hollande, selon les epoques. Cc ne serait pas juste en soi, parse que nos savants d'origine etrangere etaient tons nes en Suisse, et meme petit-fils ou arriere-petit-fits de refugies nes en Suisse. Pour eux l'influence d'heredite await deja etc attenuee enormement par la loi geometrique des degres.

Assurement 1'arbre que Calvin et ses amis avaient plante a Geneve avec ses rameaux de Hollande, d'Ecosse, des puritains anglais et d'Amerique, etait done d'une grande vigueur. Notre souche a Geneve s'est modifiee dans un acne liberal en 1720 (pp. 127 et 205), comme plus tard a Boston et meme un peu en Hollande et en Ecosse, mais it est reste dans tons ces pays un esprit d'independance et une persistance de volonte qui ont etc favorables aux sciences lorsqu'il a convenue aux individus de s'en occuper. Je n'ai pas voulu m'etendre davantage sur un aussi petit pays que Geneve, mais voici quelques faits qui peuvent vous interesser. A 1'epoque de la Reformation beaucoup de families nobles quitterent Geneve pour demeurer catholiques. Il vint a la place une foule de gentilhommes et bourgeois instruits de France et d'Italie, qui etaient zeles pour la nouvelle religion. Grace a leurs antecedents et leur education, ils entrerent dans la classe des families notables du pays, qu'ils dominerent et ils devinrent le fond d'une aristocratic locale qui a subsiste de fait, sans titre ni privilege legal, jusqu'en 1841. Cette sorte de patriciat ne visait pas seulement aux places du gouvernement et des Conseils: elle occupait a l'origine les charges de pasteurs et dans le XVIIIe siecle et jusqu'en 1841 celles de professeurs de 1'Academie (avec ou sans enseignement) qui donnait la surveillance de l'instruction publique et un rang honorable dans l'opinion. Grace a ces mcaurs, un jeune homme studieux, d'une famille notable, pouvait se contenter d'une fortune mediocre. II avait d'ailleurs une bonne chance pour se warier richement. Vous voyez quels encouragements existaient en faveur des sciences, precisement dans les families d'anciens refugies.

J'aurais pu donner plus d'informations sur les meres et autres ascendants des savants suisses; surtout genevois, mais vous avez demontre que passe les premiers degree 1'heredite influe fort peu. A vrai dire toutes nos families un peu anciennes a Geneve ont du sang de hugnenot (si l'on

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